Pour Papi Bernard

En hommage à mon Papi qui nous a quitté hier

 Papi Bernard 1   Papi, Mamie et Alban   Papi piégeur

« Tiens, v’là la jeunesse ! »

C’est comme ça que tu nous accueillais le plus souvent sur le pas de la porte avec un grand sourire. Comment ne pas penser à toi sans me rappeler ces expressions imagées que je n’entendais que dans ta bouche et que je guettais au fil des conversations comme autant de petits signes de connivence. Ma préférée reste « il vaut mieux voir vos talons que vos pointes » que tu ne manquais jamais de nous sortir en rigolant lorsque nous engloutissions les bons petits plats de Mamie.

Avant que tu prennes ta retraite, la ferme prenait tout ton temps et j’étais drôlement contente quand arrivait le moment de la moisson. Nous allions te porter le goûter avec Mamie et j’avais l’occasion de te voir conduire la moissonneuse ou le tracteur qui m’impressionnaient et me plaisaient tout à la fois. C’est grâce à toi que moi, « la fille de la ville », j’ai appris naturellement le rythme des saisons, la patience et le travail  nécessaires pour espérer que la nature soit généreuse.

Après la moisson venait la période de la chasse, sans doute ton moment préféré de l’année. C’est un plaisir auquel tu n’as jamais renoncé. Tu étais « enrag頻 comme disait Mamie. Les chevreuils du petit bois vont te regretter cet hiver…

Une fois rentrés de la chasse, les parties de cartes pouvaient commencer. Tarot, « coinche » et bien sûr bridge, même de la pièce d’à côté on pouvait t’entendre t’exclamer sur un beau point ou lâcher un juron retentissant en cas d’erreur stratégique.

Pourtant, tu étais d’un naturel plutôt calme. Lorsque tu nous emmenais en plaine pour nous apprendre à conduire, tu ponctuais nos erreurs d’un « Nous calons » tranquille. Ce mélange d’attention à nos progrès et de patience face à nos tâtonnements  nous faisait attendre la prochaine leçon de pilotage de la camionnette avec impatience.

Ce calme habituel rendait ton rire très précieux. Combien de fois pendant les vacances à St Erme nous sommes nous glissées dans votre lit le matin pour que tu finisses par faire semblant de tomber du lit en grommelant que tu allais chercher les croissants ? Combien de fois t’avons-nous demandé de nous chanter un de tes airs d’opérette ou une de tes chansons de jeunesse préférés pour avoir le plaisir des quelques pas de danse qui les accompagnaient immanquablement?

Et ce qui me faisait me sentir aussi proche de toi, c’était ton amour des livres et des revues historiques que tu dévorais. Quand j’étais en terminale et que je te parlais du programme d’histoire du bac, tu avais toujours une anecdote qui me faisait regretter de ne pas t’avoir comme prof. Tu avais aussi ce don de pouvoir lire tout en suivant l’émission de télé que nous regardions. Je te voyais tourner les pages de ton livre tout en riant aux blagues de Louis de Funès et Bourvil : un tour de force dont je suis bien incapable.

Je suis heureuse de tous ces merveilleux souvenirs avec toi mais je regrette tout le temps que nous ne passerons plus ensemble. Je t’aime mon Papi, tu me manques.

 Papi Bernard et Ninie

3 Responses to “Pour Papi Bernard”

  1. joëlle dit :

    la distance est là mais nous savons tous que vous serez avec nous par la pensée et la prière demain
    Bises
    Joëlle

  2. gras catherine dit :

    Merci pour ce texte qui a fait revivre: Mon Oncle Bernard, le temps de sa lecture. J’ai vraiment eu l’impression qu’il était, là, vivant, au milieu de nous tous. Encore merci pour cet hommage simple et émouvant qui a fait résonner une dernière fois sa voix.Bises et même si vous étiez absents, votre pensée était présente.

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