Management à l’américaine

Avertissement: cet article est à lire au 2ème, voire 3ème degré (en vrai Cédric aime passer du temps au labo, mais encore plus avec sa famille. Il vient même de prendre sa première semaine de vacances depuis Noël dernier 🙂 ).

Cédric n’est pas du genre à se plaindre et il a peur des risques de représailles mais trop, c’est trop, il faut que je vous en dise plus sur la façon terrible dont les chercheurs sont traités aux Etats-Unis.

Petit rappel de la situation: le chercheur, notamment le scientifique et surtout le Cédric est passionné par ce qu’il fait. En conséquence, passer des heures et des heures au labo à travailler d’arrache-pied sur 4 manips à la fois et ne pas prendre beaucoup de vacances n’est jamais un problème. Et puis quand on fait de la biologie, on travaille avec le vivant qui fait bien ce qu’il veut et qu’on ne peut pas toujours mettre en pause le vendredi soir. Bref, un pays qui rigole quand on leur parle des 35h par semaine, qui octroie parcimonieusement les jours de congés aux employés et dans lequel les mots RTT n’ont même pas de traduction aurait du être un paradis. Erreur, grave erreur!

Cédric a eu la malchance de tomber dans un labo avec un chef sympa. Il a par exemple organisé (enfin demandé à quelqu’un de l’équipe d’organiser, il ne faut pas exagérer non plus, un chef reste un chef 😉 ) une sortie en canoë sur la Wisconsin river. Toute une journée (de semaine!) à ne rien faire d’autre que s’amuser: l’horreur! Comme vous allez le voir sur les photos, toute l’équipe joue bien le jeu et fait semblant de passer un bon moment.

Tout le monde reste groupir! C’est pas gai (ok, je sors!) Un peu plus d’enthousiasme Cédric, Mike est juste derrière toi!

Heureusement, il a plu toute la journée et il n’y avait pas d’endroit pour s’abriter pour pique-niquer. Et il y a eu moults échouages sur des bancs de sable (surtout dans le canoë de Cédric dans lequel la répartition du poids était, disons poliment, inhomogène…)

I’m eating in the rain! Echoué! Coulé!

C’était la première alerte. Cédric aurait du se méfier et surveiller les signes avant coureurs.

Oiseau de mauvais augure.

Mais il est tombé dans un piège. Mike (son chef) lui a dit: « On part en congrès dans le Colorado ». A priori, que du bonheur: un congrès on y rencontre d’autres intoxiqués du boulot (la plupart des congrès scientifiques commencent le dimanche…). Et puis le Colorado, c’est pas Hawaï.

Au début, pas de souci, atterrissage à Denver, la Mile-High City car son altitude officielle exacte est d’un mile (1 609 m ou 5280pieds/feets) au-dessus du niveau de la mer.

Denver, Denver 2 minutes d’arrêt! Denver buildings et montagne

Puis début du périple pour atteindre le lieu de la conférence, Snowmass, ville située dans les montagnes Rocheuses. D’ailleurs, ça grimpe sec pour y arriver!

Altitude de départ: 1626m  Entrée du tunnel peu de temps après: 3.350m

Les panneaux « Plus de freins, ne sortez pas, restez sur la I-70 » ont fait rire Cédric qui a aussi apprécié les aménagements routiers pour les camions en perdition.

Plus de freins? Dommage!  Piste de décollage pour camion

L’équivalent de la DDE locale a décidément le sens de l’humour car sur des tronçons de route larges comme un chemin muletier, on trouve des panneaux « Ne pas dépasser ». Et cerise sur le gâteau, il y avait aussi la sortie pour la ville qui n’a pas de nom, « No name » en américain dans le texte.

Ne pas dépasser On s’en serait douté non? Mon nom est personne

C’est là qu’il a commencé à se rendre compte qu’il y avait anguille sous roche: un fois quittée la plaine de Denver, et malgré l’exploitation minière qui défigure la montagne, les paysage devenaient assez beaux.

Les montagnes Rocheuses La montagne de cuivre et la ville de plomb: accueillant non? La montangne a une sale mine

Pause déjeuner dans le far west profond, à Leadville (la ville du plomb: exploitation minière intensive ou cow-boys à la gâchette facile?) histoire d’endormir ses soupçons.

Le saloon légendaire de Leadville Les Etats-Unis, un pays fier de sa modernité ;-) Et de ses armes à feu…

Mais une fois le repas avalé, ce n’était plus anguille sous le rocher, c’était baleine sous le gravier qu’il y avait! La montagne était tout simplement magnifique alors que normalement, un déplacement professionnel, ça doit être dans un endroit moche, pour ne pas se laisser distraire. Quelques photos de l’Independance Pass (Le col de l’Indépendance) qui est la ligne de partage des eaux des USA. A l’ouest, les rivières se jettent dans le Pacifique, à l’est, dans l’Atlantique ou le Golfe du Mexique. Altitude 12095 pieds soit 3686m.

Independance pass Fais pas chaud on dirait… Il reste même un peu de neige!

Il restait un dernier espoir à Cédric, que Snowmass ne soit pas aussi sympa que les paysages qui l’entourent. Espoir entretenu par la présence d’un aéroport blindé de jets privés à quelques kilomètres à peine de l’arrivée à destination.

A un jet de pierre de Snowmass

C’était un peu incongru (et moche) tous ces avions au milieu des montagnes Rocheuses et des enclos avec des mustangs (les chevaux, pas les voitures) qui gambadent.

Allze hop, rodéo!

L’explication de la présence de ces jets privés est que Snowmass est très proche de la ville d’Aspen qui est l’équivalent américain de Megève ou de Gstaad, une station de ski très, très huppée.  Voilà à quoi ressemblent les rues d’Aspen (je vous laisse admirer les enseignes de luxes, les rues super bien aménagées et fleuries et la présence de canards en plastoc jaune en rapport avec une action caritative comme seuls les américains savent en organiser).

Ceci n’est pas un photomontage Plus sympa qu’une jardinière non? Il y a une course de canard dans le “caniveau”

Sotheby’s vend des canards en plastique maintenant? Et Cédric qui n’en a même pas profité pour faire du shopping!

Snowmass en comparaison, c’est pouilleux, mais ça reste plutôt pas mal.

Snowmass depuis la chambre d’hôtel de Cédric Les pistes de ski Faudra revenir en hiver, tout était fermé

Cédric a même eu l’occasion de baver sur quelques bolides garés juste en bas de son hôtel. Leur voiture de location faisait vraiment pâle figure, c’est sûr…

De g. à d. Ferrari 430 Scuderia et Lamborghini Gallardo Alfa Roméeo 8C et Mazeratti Granturismo Mazda 5! Et le prix de l’essence est pour un gallon (3,8l)….

Cédric s’est rendu à l’évidence, ça allait être très très dur de résister et de ne passer son temps qu’à bosser et discuter de science avec ses collègues. Foutu pour foutu, il s’est donc résolu à y aller à fond. Il a commencé par explorer un peu les environs du centre de conférence pendant les pauses (si, il y a des pauses pendant les congrès, c’est une honte non? Non, car en contrepartie, les conférences se terminent à 22h)

La montagne est tellement jolie… Tiens voilà Heidi! Ah non, c’est Marielle! Snowmass et la vallée à la nuit tombante

On voit qu’on est quand même haut … … il reste de quoi faire des boules de neige

Au détour d’un chemin, Marielle, une collègue de Cédric est tombé sur ça (photos prises sans zoom…)

Un indice Mais oui, c’est un … (je ne vaux pas mettre la honte à ma famille de chasseur, vous complétez vous mêmes

Et un soir certains conférenciers sont rentrés à toute vitesse dans le centre en disant qu’ils avaient vu un ours passer entre les bâtiments. Apparemment, ça arrive fréquemment car il y a partout des instructions sur « comment se comporter si vous croisez un ours ». Au cas (très probable, je sais) où vous croiseriez un ours, je vous refile le tuyau: regardez-le dans les yeux, ne lui tournez pas le dos pour vous enfuir, grandissez-vous en levant les bras et s’il vous attaque, ripostez (fight back). N’étant pourvue ni de griffes ni de crocs, je le sens moyen la riposte non?

Bref, après avoir exploré les environs, Cédric s’est laissé tenter par une des activités proposées pour l’après-midi libre (encore une fois, ne vous affolez pas, il y avait des conférences le soir 😉 ) et il a descendu un bout de la Colorado river en raft. Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, tu embarques à 6 clampins dans un bateau pneumatique avec un pilote, tu pagaies et au premier rapide venu, le bateau se tord dans tous les sens et tu en prends plein la tronche pour pas un rond. Un peu comme ça….

on prend de l’élan allez, c’est mou, on accélère! et splash

première vague! Pas le temps de bailler aux corneilles On reste concentrés …

… pour la deuxième vague Et re-splash! Et Cédric en redemande! 

Détail amusant, en dehors d’une collègue bulgare de Cédric (elle porte un chapeau blanc), toutes les filles du bateau étaient françaises. Et pour ce qui est de la température de l’eau, c’était bien frais selon Cédric mais leur pilote leur a proposé de passer un rapide dans l’eau et la baignade était revigorante, dans tous les sens du terme… On ne rigole pas de la qualité des photos suivantes qui ont l’air de dater d’avant ma naissance, elles ont juste été prises avec un jetable waterproof et scannées.

Les scientifiques marins d’eau douce en goguette Cédric heureux comme un poisson dans l’eau La Colorado river

Pour finir en apothéose, Cédric et ses collègues sont allés faire une randonnée au pied de Maroon Bells, une des montagnes les plus photographiées des Etats-Unis (et franchement, on ne se demande pas pourquoi).

Maroon Bells 1 Maroon Lake Cox lab at Maroon Bells

Au programme, marche entre les Aspen (la variété locale de bouleau), trempage des pieds dans le lac (bien glacé pour le coup) et découverte de la faune locale: marmottes, chipmunk (XXL par rapport à ceux du Wisconsin) et autres rongeurs inconnus.

Le fait que les bouleaux s’appellent Aspens, c’était déjà un mauvais signe Céd! Bien fraiche la flotte! Une Marmotte (mais pas de chocolat Milka, déception!)

Un chipmunk taille XXL… … et pas farouche! Tekitoi?

Après un début de rando tranquille, Cédric et Marielle ont lâché le reste du groupe pour monter un peu plus haut. Ils se sont fait 200m de dénivelé en 30min alors qu’ils en avaient fait autant en 2h. Pour une fois que la fonction altimètre de la montre sert!

A ta place … … j’aurais craché mes poumons!

Mais ça vaut le coup d’oeil, je suis bien d’accord!  Maroon Bells 3 Maroon Bells 2

Ca aurait été dommage de rester enfermé dans le centre de conférence non? Mais j’oubliais, Cédric a bossé quand même!

Il paraît que les sorties au bar après les confs, c’est encore du boulot…

Oups, mauvaise photo (quoiqu’il paraît que les sorties au bar après les confs, c’est encore du boulot…)! C’est celle-là la bonne 🙂

Cédric et son poster

Titre du poster: DdrB an alternative SSB protein induced by ionizing radiation in the bacterium Deinococcus radiodurans. Je vais peut-être arrêter de faire la maligne là? 😉

3 Responses to “Management à l’américaine”

  1. joëlle dit :

    Cedric quand nous organise tu un congrès familial à Aspen? Je suis partante pour toutes les activités : rafting, baignade, rando etc.
    Et toi pauvre Virginie qui croyais qu’il bossait là bas
    Bises
    Joëlle

  2. Amande dit :

    C’est vraiment magnifique !!!
    Heureuse de voir que la montre est un peu utile quand même 😉
    Le prochain séjour glandouille il est pour toi… On se retrouve en Californie ou en Floride ?

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