Rapport d'étonnement

Eh oui, il y a plus d’un mois que nous sommes arrivés, le moment paraît donc idéal pour un rapport d’étonnement.

Qu’est-ce qu’un rapport d’étonnement (pour les chanceux qui n’ont pas été embauchés au même moment que moi à la Lyonnaise des Eaux ou qui avait un DRH plus sympa)? C’est ce que le candide nouveau venu ne s’attendait pas à trouver dans son nouvel environnement!

1° Du bon fromage!

Ben oui, c’est cliché, mais quand on quitte la France, LE pays du fromage, on s’attend à être moins bien loti. Et quand on le quitte pour les Etats-Unis (ou l’Angleterre…), qu’on est amateur de bon claquos comme Cédric et moi le sommes, on s’attend à passer des moments difficiles. Eh bien pas de ça dans le Wisconsin!

Il faut dire que le Wisconsin est l’America Dairyland, ce qu’on pourrait traduire par « la laiterie de l’Amérique ». On a pas vu beaucoup de vaches (vu le temps, elles doivent être à l’abri)  mais apparemment, le Wisconsin est le premier état producteur de lait des USA et avec ce lait, il font du fromage. Bon, au début, on a surtout vu du Cheddar. Et puis, on a vu des Cheddars: du blanc, du orange, du blanc et orange…. Ensuite on a découvert des Cheddars « aromatisés » au piment, aux noix, des vieux Cheddars … et même que certains d’entre eux étaient super bons. Et ensuite, la production locale nous a révélé son trésor: du fromage bleu délicieux. On a aussi gouté la mozarella et le provolone local, mais bof sans plus.

L’avantage d’être dans une contrée productrice de fromage, c’est que les habitants sont « éduqués » en terme de goût et que donc ils consomment aussi des fromages étrangers. Résultat, rien de plus facile pour nous que de se procurer Morbier,  Camenbert, Roquefort et autres fromages qui puent (il y’a une boutique spécialisée dans le fromage en face du Capitole qui s’appelle Fromagination, ça claque non?). On a même été invités chez le boss de Cédric où de l’Epoisse trônait sur le plateau de fromage.

Petit bémol à cet enthousiasme délirant de notre part, on trouve quand même du fromage en tube et en bombe (comme de la chantilly)! C’est pour étaler plus facilement sur les crackers…

2° l’Essence

Alors ici, tout le monde en parle, le prix de l’essence augmente vertigineusement. On atteint les $3,20. Mais attention, ici les prix ne sont pas au litre, ils sont au gallon. Un gallon correspondant à 3,8l, je vous laisse faire le calcul (si vous voulez vraiment vous éclater, en ce moment $1 cela fait 1,5€).

Bon, la hausse est quand même sensible car il y a un mois on était juste en dessous des $3 le gallon, mais pour nous ça reste carrément bon marché. On se dit que si l’essence augmente, ça les incitera un peu à marcher, mais rien n’est moins sûr. Ici, on peut presque tout faire en voiture. Il y a des drive-in pour les restaurants et les cafés (bon ça on connaît), pour les pharmacies, pour les banques, ….

Moi qui me promène beaucoup avec Alban, je ne croise jamais grand monde dans les rues. D’ailleurs, le statut de piéton est  ici comparable à celui de rien du tout car même sur les passages piétons, il faut attendre qu’il n’y ait pas une voiture à l’horizon pour s’engager. La voiture ne freinera pas (au mieux, elle fera un léger écart pour te tailler un short sans te monter sur le capot) d’où les nombreux rappels à l’ordre écrit « Laisser passer les piétons, c’est la loi ».

Si je voulais me couler dans le moule, pour promener Alban je devrais:

– prendre la voiture,

– aller au centre commercial

– me promener dans le centre commercial.

L’argument que tous les américains avec qui nous avons discuté nous ont donné c’est que l’hiver, quand il fait froid, c’est plus agréable de se promener à l’abri. Admettons, mais pour le moment, il ne fait pas froid, il fait même un temps agréable, un temps à ne pas être enfermé quoi!

3°  La météo

Justement, parlons-en de la météo!

Vu la localisation du Wisconsin, je m’attendais à me cailler grave à partir de fin octobre/début novembre. En fait, l’été indien a duré jusqu’à fin octobre avec des températures proches des 20°C dans la journée et un soleil magnifique. Depuis le début du mois, nous avons eu encore quelques journées de ce type mais globalement, les températures ont baissées. Il ne faisait plus que 10/12°C au meilleur de la journée.

Mais en le truc, c’est que moi, la grosse frileuse de service, toujours à remonter le chauffage, à remettre un gilet, eh bien je peux vous l’affirmer: à température égale, l’impression de froid est bien moindre ici. Je pense que comme le climat est continental, il y a beaucoup moins d’humidité. De toute façon, même si ce n’est pas ça, le résultat est le même: froid moi jamais! (pour le moment)

Les gens qui habitent dans le coin depuis longtemps nous ont dit que l’hiver n’était plus aussi rude qu’avant (le « Y a plus de saisons ma brave dame » serait-il international?) mais d’autres personnes arrivés à Madison récemment nous ont toutefois confirmé la nécessité d’avoir un bon manteau, l’attirail gants, écharpe, bonnet et même au cas où des sous-vêtements longs. Cédric a investi dans un super manteau, avec une doublure amovible en matière high-tech, garanti à vie et tout et tout car l’attente du bus le matin et le soir peut tourner à la surgélation si tu es en courant d’air. Moi j’attends de voir car en principe je ne sors que pour marcher ce qui réchauffe évidemment et que j’ai un bon manteau dans nos cartons (qui devaient quitter Le Havre aujourd’hui ou demain aux dernières nouvelles, faut pas désespérer!). Au pire, j’ai vu des super sacs de couchage qui résistent à -25°C, deux trous pour les pieds, deux trous pour les mains, ça ira bien 😉

4° Le téléphone mobile

Spéciale dédicace à Papa pour ces quelques réflexions…

Nous nous sommes équipés de téléphones mais avons fait à cette occasion plusieurs découvertes:

– la plupart des opérateurs utilisent une technique différente du GSM et n’ont donc pas de cartes SIM dans les téléphones. Cédric qui avait fait débloquer son portable avant de partir était déçu de ne pas pouvoir s’en servir mais finalement on a trouvé un opérateur avec carte SIM. Il a donc deux portables pour le prix d’un (son ancien et un tout neuf)!

– le réseau n’est pas terrible par rapport à la France, très différent d’un opérateur à l’autre et souvent régional (si tu es hors réseau, tu es surtaxé après une franchise de 45 minutes). Ainsi, nous avions au début choisi un opérateur appelé Sprint mais il s’avère que nous ne captions pas à la maison. Le vendeur nous avait dit qu’il pouvait y avoir un mauvais réseau à l’ouest de Madison, pas dans l’ouest de Madison. Du coup, comme on a 30 jours pour se désengager si on est pas satisfait (et c’est comme ça pour tous les opérateurs), on a finalement souscrit chez AT&T qui a un bien meilleur réseau (dans les endroits où nous sommes allés jusque là en tout cas) et qui en plus fait des réducs aux membres de l’université.

– ici les opérateurs sont prêts à tout pour garder leur clients. Quand on a résilié Sprint, ils nous ont proposé de bénéficier gratuitement d’autres réseaux que le leur (alors que normalement ce service est payant) et de nous fournir des téléphones mobiles plus récents et plus chers que ce que nous avions choisis. Bon, on a quand même résilié mais le geste est là.

– le plus inattendu: on trouvait que les forfaits proposés étaient énormes en temps. Le plus petit (celui que nous avons choisi) fait 550 minutes par mois! L’astuce c’est que sont décomptés de ce temps les appels que tu émets (jusque là, rien d’inattendu) mais aussi les appels que tu reçois! Quand tu consultes ta messagerie, ça décompte des minutes et toute minute entamée est décomptée complètement! Heureusement, les appels entre Cédric et moi sont illimités, les appels vers les clients AT&T sont illimités et les appels après 21h sont illimités. Du coup, presque 10h d’appel à émettre ou à recevoir, ça nous laisse de la marge. Le truc sympa c’est qu’on garde les minutes non utilisées pendant 1 an.

Nous sommes donc maintenant joignables partout (enfin presque partout) grâce à nos Samsung (eh oui, j’ai converti Cédric à la technologie coréenne).

5° L’accessibilité

Celle que je veux évoquer, c’est celle des handicapés aux lieux publics.

Je l’ai remarqué car en France, se trimballer une poussette peut tourner au parcours d’obstacle (exemple classique, entrée de magasin ou d’administration avec double porte pas automatique: comment bloquer la première porte avec le pied droit, tout en poussant la poussette qui évidemment va de traviole car tu la pousses d’une main vu que tu essaies désespérément de chopper la deuxième porte avec ta main libre tout en gardant un semblant de dignité et de calme? Perso, je n’y arrive jamais! Surtout que généralement, il y avait quelques marches avant, histoire que tu sois déjà haletante d’avoir porté ta poussette car les circonstances font que c’est toujours une fois que tu es en haut des marche, à l’intérieur que quelqu’un sort et aurait pu te tenir la porte)

Ici, pas de bâtiment public ou commercial sans rampe d’accès. Si les portes ne sont pas coulissantes et/ou automatiques, elles sont munies d’un bouton à hauteur de chaise roulante pour que la porte s’ouvre. Sur les parkings, il y a systématiquement des places réservées aux handicapés près de l’entrée. Et personne ne s’y met sans autorisation. (Pour l’anecdote, il y a aussi parfois des places réservées aux femmes enceintes, aux mamans avec des nouveaux-nés, aux mamans avec des enfants, aux séniors,… à se demander où tu te gares quand tu es un mec de 20 ans en bonne santé). On trouve pas mal d’inscription en braille et de signaux sonores aux passages piétons.

En parlant des passages piétons, tous les trottoirs sont abaissés au niveau des passages piétons si bien que les poussettes vendues ici n’ont même pas de marchepied.

Alors, c’est vrai que tous ça existe car il y a une loi qui expose les contrevenants à des amendes colossales (et ici les gens ne se gênent pas pour faire des procès) mais on devrait vraiment essayer de s’inspirer de ce qui se fait ici.

D’ailleurs, on voit beaucoup de handicapés travailler. Il est fréquent de voir aux accueils des administrations,  aux caisses des supermarchés des handicapés physiques ou mentaux qui t’aiguillent, t’aident à remplir tes sacs, rangent les caddies. Je trouve ça bien que ce soit normal.

Voilà après un mois ce qui m’étonne, c’est plutôt anecdotique. J’ai deux explications;

– le Wisconsin (dont tous les gens d’ici s’acharnent à nous dire « Ce n’est pas partout comme ça aux Etats-Unis ») est finalement très européen.

– on est pas ici depuis assez longtemps pour avoir de vrais sujets d’étonnement.

La deuxième explications me paraît vraie, mais la première est aussi réaliste. La plupart des gens que nous rencontrons ici sont déjà allés en Europe ou aimeraient y aller, le niveau socio-culturel de Madison (sans doute grâce à l’université) est assez élevé et surtout la présence française du temps de la découverte/colonisation du Canada et de l’est de Etats-Unis a laissé des traces. Dans notre quartier, les noms sont autant américains, indiens et français. On peut donc partir de Cheyenne Circle, prendre South Hill Drive, tourner dans Eau Claire street pour arriver dans Waukesha Street et rattraper Racine Road!

Cette allusion aux indiens me permet de faire un lien avec Thanksgiving qui sera sans doute mon prochain article si je n’ai pas d’indigestion!

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